Le 13 juillet 1998, les seuls matchs de foot auxquels j’avais assisté étaient ceux de la France au Mondial.
Emporté par cette liesse communicative et par ce partage d’émotions positives, j’ai décidé d’aller prendre un bain de joie sur les Champs Elysées. Je suis à arrivé à 14h30 sur une avenue totalement vide, sans aucun véhicule et déjà bordée d’une foule joyeuse. À 15h00, les Champs se sont transformés en une marée humaine qui partait de La Concorde et remontait dans une gigantesque hola, telle une vague de bonheur, jusqu’à l’Arc de Triomphe.
Tout le monde est là pour célébrer l’équipe des Bleus qui sont sensés remonter l’avenue dans un car à plateforme et recevoir les lauriers populaires.
Monté sur un car de police, une pyramide humaine au sommet de laquelle un fan absolu brandit une couscoussière, telle la coupe dorée, en criant le nouveau slogan de la journée « Zidane Président ».
À ma gauche, une fragile petite dame, au moins arrière-grand-mère, ressemblant étrangement à E.T et aussi perdue qu’un extra-terrestre débarquant sur une nouvelle planète, tente de se frayer un chemin dans la foule. À côté d’elle, une mère de famille extirpe un bébé de quelques mois d’une poussette pour le hisser sur ses épaules afin qu’il puisse voir l’équipe de France passer devant lui.
Je dois avouer que ces moments de joie partagée ont été les plus intenses de ma vie, moi qui traversait à cette période, une phase de profonde dépression qui a été effacée en quelques jours grâce à cette liesse populaire, à ces éclats de rires, à ces frissons de plaisir ressentis tous ensemble.
Hier soir, j’ai découvert une France en joie. Une vague de joie et de bonheur partagés s’est répandue de cœur en cœur, de corps en corps sur plusieurs millions d’êtres humains réunis en un seul éclat de rire, un seul cœur battant à l’unisson, une seule énergie, un seul corps, formant un océan de joie…
Comme une goutte d’eau retrouvant les milliards d’autres gouttes pour former l’immensité, pour créer l’unité, j’ai enfin retrouvé cette sensation, perdue depuis 20 ans.
Voilà à quoi ressemble la France, ce matin, après avoir vécu la victoire de l’équipe de France de football, à un océan de joie.
A-t-on besoin d’être amateurs de football pour ressentir cette émotion collective ? A-t-on besoin de se sentir concernés par cette victoire pour apprécier ce moment de pur bonheur ?
En lisant les commentaires qui défilaient sur le fil d’actualité des réseaux sociaux, j’ai été surpris du nombre de posts négatifs, de propos aigris, qui vomissaient sur cette joie collective, en tentant étrangement de confronter cette liesse populaire à la vision du monde terriblement négative, et surtout très personnelle, de leurs auteurs.
Ma réponse à ces commentaires a été simple… Prenez cette joie comme un cadeau ! Laissez-vous gagner par cette joie collective qui est à prendre telle qu’elle est : la joie de voir les autres en joie, la joie de se sentir libre de danser, de chanter, de crier son plaisir, libéré du regard et du jugement de l’autre qui, lui aussi, exprime sa joie. La joie de dire merci, d’embrasser, de serrer dans ses bras, de ressentir de l’amour, sans rien attendre en retour.
Car c’est bien de l’amour que nous avons ressenti tous ensemble hier. Un moment de grâce, que l’on appelle l’amour inconditionnel. Un amour pour l’être humain qui est capable d’incarner, dans cet incroyable et miraculeux élan collectif, les mots dont le sens semble parfois lointain : Liberté, Egalité, Fraternité.
Dans cet océan de joie, pourquoi distinguer une goutte d’une autre ? Pourquoi mettre une étiquette sur un regard, sur un sourire, sur un baiser ou sur une accolade ?
La psychologie positive, considérée comme la science du bonheur, a démontré, études à l’appui, l’impact de l’optimisme, de la joie, des relations sociales sereines, et de la gratitude sur notre niveau de bonheur.
Bref, vous l’avez comprise, ce que nous vivons aujourd’hui est le meilleur anti-dépresseur qui soit.
Alors, profitez de cette liesse collective pour emmagasiner ces tonnes de rires, pour stocker ces millions de sourires et de regards complices. Accueillez-les et gardez-les bien au chaud pour vous en resservir lorsque vous aurez besoin, lorsque votre journée vous semblera « pourrie », quand vous aurez un « coup de blues », quand vous vivrez des moments difficiles…
Laissez-vous submerger par ces vagues de joie et de bonheur ! Devenez ces vagues d’émotions positives !
Et surtout prolongez cet état de bien-être, de légèreté, de liberté et d’amour collectif, bien au-delà de ces quelques jours d’euphorie éphémère !
Réjouissez-vous en accueillant chacune de vos journées comme si elle était aussi merveilleusement intense que celle que nous avons vécue hier.
Accueillez chacune de vos petites victoires du quotidien comme si vous aviez gagné la Coupe du Monde.
Libérez-vous du regard des autres comme lorsque, entraîné(e) dans le tourbillon de ce 15 juillet 2018, vous vous êtes surpris(e) à hurler votre joie et à entamer une danse de la victoire avec de parfaits inconnus.
Autorisez-vous le droit de vous sentir libres, de vous sentir égaux, et surtout de fraterniser avec ceux qui, jusque là n’avaient le droit qu’à votre jugement.
Et surtout, acceptez de vivre chaque instant de votre existence aussi intensément, aussi joyeusement !