Qu’est-ce qui me stresse au travail ?
Le stress au travail repose sur plusieurs grands piliers que l’on retrouve dans la majorité des situations déclenchant une réaction de stress chez l’individu.
Rappelons tout d’abord que le stress est une réaction physiologique à ce que notre corps perçoit comme une menace ou comme une agression, et que c’est notre individualisation de cette réaction qui la rend plus moins intense, plus ou moins toxique.
Si je suis de nature anxieuse, ma manière de réagir à un événement stressant comme le fait d’envoyer un mail à un mauvais destinataire sera radicalement différente de celle de mon voisin de bureau qui gère toutes les situations avec calme et sérénité.
Et pourtant, les stresseurs (situations déclenchant une réaction de stress) sont les mêmes !
Contrôle et imprévisibilité, les deux font la paire
Les stresseurs professionnels s’appuient souvent sur la perte ou l’absence de contrôle, comme lorsque vous êtes totalement dépendant(e) de sous-traitants ou de free-lances, de plusieurs autres membres d’une équipe projet, de la décision d’un manager ou d’une instance supérieure.
L’imprévisibilité des événements vous apporte également son lot de pics de stress : une panne informatique, un retard de livraison ou de production, une surcharge de travail non planifiée, une demande urgente d’un client qui vient bousculer l’organisation mise en place, le bourrage papier dans le photocopieur au moment de sortir un dossier à présenter…
Je dois avouer que lorsque j’étais responsable d’une agence d’événements, ces situations, propres à mon métier, étaient mon quotidien, et qu’à l’époque, même si j’étais rompu à la gestion de ces situations de crise, je n’avais aucune idée de la manière de gérer mon stress, ou plutôt mes réactions à ces situations. Comme j’étais du genre à étouffer ce stress, à tenter de le cacher au yeux de mes équipes ou de mes clients, cela se transformait immanquablement en douleurs cervicales et dorsales, en troubles gastriques et au fil du temps, en maladies, de peau, digestives voire, auto-immunes. Ce que nous n’exprimons pas, notre corps l’exprime à notre place !
Du changement, rien que du changement !
Mais, la palme d’or du meilleur « agent stressant », tant dans la vie professionnelle que dans la sphère personnelle, revient sans aucun doute à la « Nouveauté ».
Nouvelle organisation, nouveaux bureaux, nouveau produit, nouveau poste, nouveau système informatique, nouveaux process, nouveau nom d’entreprise…
Là où les dirigeants et les top managers voient de l’innovation, du progrès ou de la compétitivité, les salariés et les managers de première ligne envisagent parfois la situation sous un tout autre angle.
Le changement doit être un objet de désir, d’amélioration de l’existant et de satisfaction individuelle avant de pouvoir être perçu comme un changement positif. Et un changement non désiré devient un danger ou une menace.
Il y a une quinzaine d’années, mon entreprise, filiale d’un groupe industriel du service public, a fait l’objet d’un rachat par un grand groupe américain. Au cours des quatre années qui ont suivi cette acquisition, ce sont enchaînés de multiples changements de nom et de raison sociale, trois déménagements, et le départ successif de plusieurs équipes dirigeantes. Ces (r)évolutions ont totalement déstabilisé les collaborateurs les plus anciens et les plus réticents au changement. Les pertes de repères se sont accentuées, créant un véritable gouffre entre ces éléments et le reste de l’entreprise. L’écart entre les deux univers opposés du service public et de la performance à l’américaine a d’ailleurs, mis plus de dix ans à se résorber. La souffrance de certains salariés s’est accentuée, surtout lorsque, paniqués à l’idée de devoir chercher ailleurs un nouveau job, ils ont préféré rester, quitte à se lever chaque matin, la boule au ventre, en allant travailler.
Quelques années plus tôt, j’ai accompagné le groupe Celio dans le lancement de son projet d’entreprise. Entreprise familiale, devenue une des premières enseignes de France dans le domaine du prêt-à-porter masculin, Celio a placé l’humain au cœur de sa stratégie. En 1994, lorsque l’entreprise a, simultanément, changé de logo, de signature, de process internes, de locaux et de règles de management, les dirigeants ont mis en place un processus d’accompagnement du changement fondé sur la participation des salariés.
Ce qui, dans une entreprise pouvait être ressenti comme un déchirement ou une souffrance, a été vécu comme un événement joyeux, comme une véritable fête de famille à laquelle chaque collaborateur avait la possibilité de contribuer, d’une façon ou d’une autre.
Notre vision du changement est souvent faussée par notre manière unilatérale d’envisager ses conséquences ou par notre incapacité à nous mettre dans la peau de ceux qui vont vivre ou subir ce changement.
Le changement, ça fait mal !
C’est une réalité qu’il est essentiel d’intégrer avant de mettre en oeuvre un processus de transformation qu’il soit organisationnel ou structurel. Son impact sur le mental des individus soumis à cette transformation peut avoir des conséquences insoupçonnées.
Lorsqu’une entreprise décide de réduire le nombre d’imprimantes dans le but de limiter, à la fois les coûts, et son impact écologique, sans associer les salariés à la motivation de cette décision, l’effet peut être désastreux : « on réduit les coûts. Donc, on va mal ! », « on m’enlève mon imprimante pour me faire partir ! », »je vais devoir faire la queue pour imprimer… »… Chaque individu, à son niveau, réagit différemment en fonction des filtres qu’il place entre la situation réelle et sa vision très personnelle du futur. Un petit changement peut générer de grandes conséquences : démotivation, perte de confiance en soi, perte de confiance dans le management, ou même dépression.
Le changement n’est pas une manette sur laquelle le pilote de l’avion appuie pour opérer un virage brusque ou un changement d’altitude programmé, sans se soucier des réactions des passagers en cabine qui ne sont pas prévenus. Certains n’ont pas attaché leur ceinture, d’autres sont debout, en train de se déplacer, et certains, prévoyants, sont restés assis et sécurisés, en cas de turbulences.
Est-ce que cela signifie que seuls ceux qui sont restés assis et attachés sont de bons éléments ? Est-ce que cela veut dire que ceux qui se retrouvent par terre, choqués et endoloris, n’avaient qu’à s’accrocher et s’adapter au changement ?
Et si le passager, en plus de ce virage brutal, a vécu le décès ou la maladie d’un proche, une séparation, un conflit familial ou un problème financier, sa réaction sera amplifiée et les conséquences sur son état psychique et physique seront fâcheuses.
Accompagner le changement avec la sophrologie
Au-delà des processus participatifs et de l’intervention de consultants en accompagnement du changement, la sophrologie et toutes les techniques de gestion du stress ont désormais leur place dans une démarche de transformation.
Pour que l’évolution se fasse sans en avoir l’R et qu’elle ne soit pas vécue comme une Révolution bouleversant tout l’existant, il est utile pour l’individu de prendre conscience qu’il n’est pas aux commandes et d’apprendre à relativiser face au changement.
Lors d’un atelier de gestion du stress, il peut apprendre à écarter ce qui le stresse et ce sur quoi il n’a aucune prise. Ainsi, il priorise les stresseurs objectifs (ceux qui sont communs à tous les salariés et managers) en écartant ceux sur lesquels il peut agir à court ou moyen terme de ceux qui sont totalement indéboulonnables, sur lesquels il n’a pas la main : la fusion, le futur déménagement, le nouveau manager, le nombre de photocopieurs ou le changement de machine à café.
En lui apprenant à relativiser, le sophrologue aide les salariés angoissés par le changement à passer de la résistance à l’acceptation, de la tension nerveuse à l’accueil serein des situations qui les stressait jusque là.
Dans le cadre de cours et d’ateliers collectifs hebdomadaires ou bi-mensuels, le travail de la respiration, la concentration sur l’instant présent, la visualisation d’un changement positif, le renforcement de ses capacités personnelles, l’évacuation de l’anxiété vont permettre progressivement à chacun de :
- relâcher ses tensions,
- calmer son mental,
- retrouver confiance en soi et dans l’avenir,
- se concentrer sur la réalité et non sur les anticipations négatives du futur
- trouver le sommeil qui est souvent réduit du fait des nombreuses ruminations mentales qui surviennent
Les techniques de méditations de pleine conscience et de relaxation viennent compléter les exercices de sophrologie que chacun va pouvoir pratiquer régulièrement de manière autonome, à l’aide de séances enregistrées.
Grâce à ces méthodes, les passagers du vol vont pouvoir profiter sereinement du voyage, sans être perturbés par les trous d’air et par les changements de destination auxquels ils auront été préparés. Et le commandant, ainsi que son équipage pourront voir des passagers souriants sortir de l’appareil, une fois arrivés à destination.